jeudi, septembre 23, 2004

Incipit

Montréal ville endormie. Minuit. Trop d’écran cathodique éclairent le visage de carcasse insouciante. Montréal ville ensommeillée dans un Québec aussi éveillé qu’un esclave affamé. L’être attend son bonheur, se croyant libre, il se brûle les cellules devant l’écran tricolore. Le changement hallucinant des images télévisuelles rythme sa vie. Grand instrument de communication et de connaissance, l’être l’aura « avilisé »? Pourquoi penser quand on peut croire? Pourquoi ne pas pouvoir se contenter de crier son opinion sans trop se soucier des conséquences? Pourquoi s’ouvrir les yeux sur les faits indéniables de notre reniement personnel quand on a qu’à se les fermer pour oublier? Mais l’homme les yeux fermer ne peut avancer, il ne cessent de se cogner aux objets de sa réalité dénigrée. Alors, incapable de s’accomplir même dans le reniement de sa race, trop faible pour oublier complètement, il triche. Il plisse ses paupières pour voir où il va en croyant que personne ne s’apercevra de rien. Il regarde par en dessous pour se donner un idée de la route puis se renferme dans sa stupidité plein de peur et de remord que quelqu’un l’ait aperçu. L’ignorance fait mal, mais beaucoup moins que le soleil en plein visage après un sommeil de quelques centaines d’années.

Aucun commentaire: